Qui sont les Français d’Allemagne du Nord?

Quelques informations sur la situation des Français d’Allemagne: d’après les statistiques allemandes, qui ne comptent pas les binationaux comme français, 140 000 compatriotes vivent en Allemagne.

Le registre des français inscrits consulaire n’en compte fin décembre 2019 que 109 000, un chiffre en léger retrait par rapport à 2016.

Cela ne corresponds pas à la différence entre adultes et mineurs, les allemands comptant parmi les 140 000 français inscrits dans les mairies 13 000 mineurs – laissant au moins 18 000 français d’Allemagne non inscrits au consulat, voire plus si l’on suppose qu’une partie de ceux inscrits ont la double nationalité et ne sont donc pas comptabilisés comme français mais comme allemands par les autorités allemandes.

C’est donc 15% des français d’Allemagne qui soit ignorent le rôle des services consulaires, soit ont choisi de vivre en immersion en Allemagne, sans lien peut-être autre que la résidence d’origine en France. On a ainsi connu un conseiller consulaire berlinois qui longtemps continua à militer officiellement dans la section de son village d’origine en France… Chacun a ses histoires et ses attaches, et vit son émigration différemment.

Leur âge moyen est de 42,7 ans – et seulement un peu plus de 2% des français résidents depuis plus de dix ans font une demande de naturalisation, alors que c’est le cas pour … 23% des britanniques suite au Brexit! L’essentiel des binationaux sont donc des enfants de couple français résidents de longue durée ou de couples binationaux. En Allemagne du Nord, ce sont entre 23500 et 30 000 français présents. Hambourg, la Basse-Saxe, Berlin sont les principaux lieux de résidence, les anciens Bundesländern de l’Est sont moins populaires, en dehors de Leipzig et Dresde. Frankfurt sur l’Oder à la frontière polonaise a bien une population étudiante, mais celle-ci est très volatile.

On a l’habitude de penser que de nombreux français de Berlin ne s’inscrivent pas auprès du consulat – les chiffres démographiques allemands semble le confirmer.

En Allemagne, si les allemands sans contexte migratoire risquent à 11% de tomber dans la pauvreté, c’est le cas de 16% des allemands d’origine européenne ou de nationalité d’un pays de l’UE. Les français aussi sont plus susceptibles d’être frappés par la pauvreté que la moyenne allemande. C’est également à 30% le cas des allemands d’origine extra-européenne ou des résidents venus d’un pays hors UE.

Septembre 2011, j’accompagnais une rencontre des Banques alimentaires allemandes (Tafel) et françaises (Secours Populaire, restos du Coeur) à Berlin – depuis, le nombre de résidents en Allemagne y recourant a augmenté de 30% alors que le pays connaissait une prospérité sans précédent. .

Loin du cliché de « l’expat », un français d’Allemagne sur 6 se bats avec la précarité, des conditions difficiles d’accès au logement, à l’emploi, aux prestations sociales. Cette proportion augmente à Berlin et est plus forte en Allemagne du Nord que dans les deux autres circonscriptions consulaires de Francfort et du Sud de l’Allemagne.

Ne l’oublions pas: la prospérité record de l’Allemagne entre 2010 et 2019 s’est accompagnée d’une explosion du taux de pauvreté. Cette prospérité ne fut pas partagée. Cela explique aussi le retour de l’extrême droite, ou la déroute du SPD auprès de son électorat traditionnel.

Voici pour le tableau social et démographique de l’élection #consulaires2021 à laquelle je me présente comme tête de la liste En Commun.

Il nous engage et nous donne le cap du mandat: la responsabilité sociale du futur conseiller sera essentiel. Il va falloir faire comprendre que la gratuité scolaire ne s’arrête pas à l’absence de frais d’inscriptions dans certains établissements très difficiles d’accès, que la situation des français d’Allemagne nécessite un effort considérable pour joindre ces 30 000 compatriotes ignorant les services consulaires. Cela veut dire être intraitable sur la continuité des services publics à l’étranger, car le patrimoine de ceux qui n’ont pas assez, c’est le patrimoine public.

Mathieu Pouydesseau

Mathieu Pouydesseau (50 ans) Directeur Commercial Haute Technologie, ancien Conseiller au Commerce Extérieur (CCEF). Originaire de Bordeaux, à Berlin depuis l’an 2000, j’ai aussi passé un couple d’années au Royaume Uni. Mes premiers engagements étaient l’antiracisme et le syndicalisme  étudiant, l’associatif, notamment avec les banques alimentaires, puis à Berlin au PS dont je fut membre du Conseil National. En 2016, j’ai rejoint La France Insoumise et participe depuis 2018 à la création de la Gauche Républicaine et Socialiste pour les français de l’étranger. 

Mon blog, sous le pseudonyme Mathias Weidenberg

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